Il est courant de lire que les Balkans sont la troisième péninsule de l’Europe du Sud. En réalité, même si elle a raison sur le papier, la Géographie nous donne une vision un peu réductrice de la situation…
La Géopolitique, plus vaste, nous démontre, que les Balkans sont, de fait, un isthme reliant l’Orient et l’Occident. En effet, la longue histoire de ce petit territoire, pas plus grand que la France, est parsemée de flux et de reflux humains, de confrontations militaires et religieuses.
Mon récent périple dans les Balkans occidentaux me l’a rappelé, quel que fût le pays traversé. Ainsi se côtoient les cicatrices architecturales des empires de naguère, romain, ottoman ou austro-hongrois… Ainsi comprend-on l’enchevêtrement de l’orthodoxie, tout droit issue de l’empire byzantin, de l’Islam ottoman ou du catholicisme austro-hongrois et vénitien.
Le mot Balkan annonce d’entrée la couleur puisque ce mot …turc signifie montagne. Celle-ci est effectivement partout présente souvent de façon douce et amortie mais parfois spectaculaire comme dans les fantastiques Bouches de Kotor au Monténégro !
Le parfum qui reste dans la tête après ce périple composite, c’est la générosité de l’accueil des populations, le caractère tellement occidental de la jeunesse. Impossible en la regardant vivre de la distinguer de la nôtre. Cette fraîcheur est véritablement frappante et plutôt porteuse d’un avenir constructif.
Je tempèrerais mon optimisme avec le Kosovo dont l’ambiance morose tranche avec celle des autres pays voisins. L’Histoire de ce territoire, soudain laissé vide après la Grande Migration de 1690 au terme d’une confrontation entre les empires austro-hongrois et ottoman, n’est sans doute pas sans rapport : les Serbes quittèrent en masse la région du Kosovo pour remonter vers le Danube avec les Austro-Hongrois. Les Ottomans y déportèrent alors des populations albanaises pour remplir l’espace. Quelque part, il y manque une profondeur historique. Par exception, au milieu de ce désert culturel, rayonnent encore, un peu solitaires et vestiges du passé pré-ottoman, les incroyables monastères orthodoxes serbes de Dečani, Peć et Gračanica qui sont autant de sublimes « chapelle sixtine »…
Rien de tel que de voir et sentir par soi-même la complexité des Balkans pour mieux tenter de décrypter les ressorts de 10 ans de guerre civile (1991-2001) après la désintégration de la Yougoslavie et de constater le renouveau de ces peuples.
Une belle expérience au cœur des enjeux d’une Europe à la croisée des chemins.