Un voyage au Bangladesh est une des expériences les plus insolites qui soient par le retournement à 180 degrés qu’on opère dans son esprit après en être revenu ! A priori, à quoi bon parcourir ce plat pays, à la population grouillante, paraissant subir tous les malheurs de la terre ? Voyons donc !
Le Bangladesh est tout d’abord la terre luxuriante qui a nourri le poète Rabindranath Tagore et Mohamed Yunus, concepteur du micro-crédit, respectivement prix Nobel de Littérature et de la Paix. C’est le pays dépositaire de la très savante culture bengali qu’on lit encore sur les murs magnifiquement ornés des temples et mosquées qui ont pour nom Atiya, Bagerhat (UNESCO) Kantanagar, Nayabad, Sura… On pourrait aussi évoquer le sublime village de Puthia dans lequel se côtoient paisiblement temples et palais protégés de remparts aquatiques… Ce fut aussi un terreau bouddhique de premier plan avec le mahavihara de Paharpur (l’un des 5 plus grands monastères du monde, UNESCO). Le Bangladesh, c’est encore le fantastique théâtre de la confluence des colosses fluviaux que sont le Gange et le Brahmapoutre, devenus Padma et Jamuna dès leur entrée dans le pays. Une fois unis, au niveau de Dacca, ils n’ont de cesse qu’ils ne se répandent dans la gigantesque capillarité d’un delta ponctué par les Sunderbands (UNESCO).
Et puis, et surtout, c’est le fourmillement d’une population chaleureuse et industrieuse que rien n’arrête et qui affronte son destin avec une force d’âme, une bonhommie qui la rend immédiatement sympathique. Un peuple qui a décidé de conquérir son indépendance en 1971, refusant l’impérialisme politique et culturel du Pakistan occidental auquel il était rivé depuis 1947. A 98% bengali, le Bangladesh abrite aux confins du Tripura, du Mizoram et de la Birmanie, de multiples ethnies (Chakmas, Santals, Garos, Kaibartta, Mundas, Oraons et Zomis) qui viennent apporter des nuances, chrétienne et bouddhiste à ce peuple musulman à plus de 90%. L’hindouisme est également présent dans la charmante île de pêcheurs de Maheshkhali tandis que les plantations de thé de la région de Sylhet rappellent la forte influence qu’exerça le Raj britannique. Tout comme le palais indo-sarracénique Ashan Manzil à Dacca. Une découverte hors du commun.