Notre retour d’expérience

Le Costa Rica, le petit pays qui a tout d’un grand

Un voyage au Costa Rica rime avec émerveillement, dépaysement et sécurité, un mélange parfait pour des vacances réussies.

  • Le départ

Un vol direct à bord d’un Airbus A350 d’Air France me conduit de Paris à San Josè soit 8945 km en 11 heures 30. Le dépaysement opère dès l’arrivée. L’aéroport Juan Santamaria est ultra moderne, climatisé, spacieux et lumineux. Rien à envier à nos aéroports européens. Mais à peine sortis, il fait déjà nuit. Il est 17h30 et on est tout de suite plongé dans une autre ambiance : de nombreuses personnes attendent les voyageurs dehors (personne ne peut attendre dedans) : familles, chauffeurs avec leur pancartes, klaxons qui retentissent, voitures qui défilent…et cette moiteur qui nous enveloppe, tout cela contribue à nous dépayser.

  • Visite de San Josè

Première nuit à San Josè, la capitale, qui ne se trouve qu’à 8km de l’aéroport. Située dans la vallée centrale, un plateau qui culmine à 1200m, San Josè est le cœur économique, démographique et culturel du pays. A équidistance de la côte caribéenne et du Pacifique, 2/3 des costariciens y vivent.

San Josè n’est pas a priori une belle ville. Une balade dans le centre historique piétonnier me permet de visiter la cathédrale néo-classique, le marché couvert et toutes ses petites échoppes où l’on peut également manger. Certains bâtiments méritent que l’on s’y attarde comme la Poste (Edificio de Correos y Telégrafos) et le Théâtre National, probablement l’édifice dont les Costariciens sont le plus fiers.

Plusieurs musées valent vraiment une visite comme le musée du jade, la plus grande collection de jade précolombienne du continent américain et le musée de l’or qui rivalise avec ceux Bogota ou Lima. Peut-être plus petit, mais sa collection est de grande qualité : figurines animales, amulettes, bijoux… la plupart des objets provient du sud-ouest du Costa Rica, des tribus indiennes des Chibchas et des Diquis.

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  • Les Volcans

La première sortie hors de San Josè est au volcan Poas. Comme beaucoup de pays d’Amérique Centrale, le Costa Rica est parsemé de volcans, 116 pour être précis dont 5 en activité (Poas, Irazu, Arenal, Turrialba et Rincon de la Vieja). Tous ces volcans sont situés sur la ceinture de feu du Pacifique. Le pays est traversé par trois chaînes de montagnes volcaniques (Guanacaste, chaîne centrale et Talamanca).

Le volcan Poas est à 20 km de la capitale. On y accède assez facilement en voiture puis à pied par un chemin bien balisé. Assez actif (fumerolles, émissions de gaz et micro-secousses), il était fermé encore il y a peu. C’est donc avec beaucoup d’excitation que je m’y rends. La chance de voir un volcan en activité est assez rare !

Mais c’était sans compter avec la météo. Il faut casser tout de suite les idées reçues. Le Costa Rica est réputé pour sa végétation luxuriante à juste titre parce qu’il y pleut beaucoup. Bien sûr cela dépend de la saison et de la région où l’on se trouve mais c’est tout de même un facteur qu’il faut accepter quand on y va.

Du cratère, nous n’avons vu que les nuages. Il faut dire qu’on se trouve déjà dans la forêt de nuages et le taux d’humidité est très élevé.

J’aurai heureusement plus de chance au volcan Arenal, le volcan symbolique du Costa Rica avec son cône parfait. Après 300 ans d’inactivité, il s’est réveillé en 1968 crachant quantité de lave, cendre et rochers. Assagi depuis 2012, on ne peut y grimper mais de belles randonnées sont possibles tout autour, dans une végétation luxuriante où il n’est pas difficile d’observer des animaux (singes, oiseaux, coatis, grenouilles…)

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  • Les plantations

Nous poursuivons notre route vers le parc du volcan Tenorio. Sur la route, nous nous arrêtons d’abord dans une exploitation de café, sur les pentes du volcan, dans la vallée centrale. Le café costaricien, introduit en 1791, est réputé pour sa finesse. Longtemps principale source d’exportation, il est dépassé maintenant par la banane et l’ananas.

Puis, nous poursuivons notre route vers le parc du volcan Tenorio où nous visitons une finca, une exploitation agricole, qui produit du cacao de façon responsable. La visite nous permet de découvrir tout le procédé depuis le ramassage des cabosses jusqu’à la réalisation de tablettes de chocolat. Rien à voir avec nos exploitations. Certes, celle-ci est familiale, donc assez petite mais on a du mal à savoir où elle commence et où elle se termine tant on a l’impression de se promener en pleine nature. On y découvre de nombreuses plantes (vaniller, poivrier, gingembre rouge…), fleurs (héliconias, orchidées…), chiens et poules se promènent librement…Tout semble pousser naturellement et le chocolat est un délice.

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Dans tout le Costa Rica, on peut s’arrêter dans des exploitations, découvrir et goûter les produits locaux : ananas, cœur de palmier, noix de coco…

  • La cuisine locale

J’ai pris la plupart des repas dans de petits restaurants appelés « soda » où vont les Ticos. On y mange très bien et c’est toujours copieux. Mais attention au Costa Rica les repas consistent en un plat unique où tout est dans l’assiette.

Par exemple, au petit déjeuner, on sert partout le gallo pinto : une assiette de riz et haricots rouges agrémenté d’œufs, d’avocat et de toasts. Mais le plat typique est le casado. Composé la plupart du temps de riz, haricots noirs ou rouges, bananes plantain, viande (porc, poulet) ou poissons, crevettes et crudités. Complet et un peu roboratif ! Le tout accompagné d’un jus de fruits frais un délice ! Lorsque j’y étais, c’était la saison des fraises et les jus de fraises étaient délicieux, mais on trouve aussi toute l’année des jus d’ananas ou autres fruits exotiques.

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Contre toute attente, on peut boire l’eau du robinet, il n’y a aucun problème. C’est très agréable de voyager et de pouvoir boire et manger les produits locaux sans risquer d’être malade !

  • La biodiversité

Lorsque je raconte mon voyage au Costa Rica, la première question que l’on me pose est : as-tu vu des animaux et lesquels ?

Pour une citadine comme moi, le Costa Rica est une immersion en pleine nature. En effet ce petit pays (51 179 km²), presque 2 fois la Bretagne, protège quasiment un tiers de son territoire par des réserves nationales. Et seuls 6% sont accessibles aux promeneurs. Soit quasiment ¼ du pays réservé à la protection de la végétation et de la faune avec des couloirs biologiques. Ce pays qui ne représente que 0,03 % de la surface du globe, abrite 5 % de la biodiversité du monde et 3,5% de la vie marine !

Mais attention, on ne va pas au Costa Rica comme on fait un safari en Afrique. Rien ne garantit de voir des animaux lorsqu’on se promène dans les parcs et surtout pas les félins qui évitent les humains.

J’ai remarqué que l’on voyait aussi des animaux en bord de route, sur les parkings, dans les jardins des hôtels….

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Pour les voir, rien de tel que d’être accompagné par un guide. Il a le regard affuté et débusque les animaux qui se trouvent souvent sous nos yeux et à côté desquels nous serions passés. La plupart du temps, ils se fondent dans la végétation.

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Les guides reconnaissent le chant des oiseaux et sont intarissables sur leurs habitudes, leurs plumages… On apprend ainsi que les plus colorés n’ont pas un beau chant alors que les moins visibles sont de véritables ténors ! On peut passer des heures à les observer tel le cassique ou oropendola de Montezuma dont les nids pendent aux branches comme de petits paniers. Sa particularité est de faire une sorte de roue autour de la branche lorsqu’il chante ! Très impressionnant !

915 espèces d’oiseaux sont recensées au Costa Rica :  c’est avec beaucoup d’émerveillement que je vois des colibris si rapides qu’on ne peut les prendre en photo ! L’oiseau le plus petit du monde pèse à peine 2gr, mais produit jusqu’à 60 battements d’ailes à la seconde et vole à plus de 50 km/h !

Les toucans majestueux émerveillent par leurs couleurs tout comme les aras que je n’avais jamais vus en liberté ! Mais observer le quetzal resplendissant est la récompense ultime ! Il se cache souvent dans la forêt de nuages et il faut être patient et chanceux pour le voir. Il est parfaitement reconnaissable avec son ventre couleur rubis et le reste de son plumage vert émeraude dont sa queue pouvant atteindre 50cm !

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D’autres animaux sont faciles à voir dans les parcs des hôtels, les réserves et parfois même sur la route. Les coatis, petits rongeurs attendrissants, ont vite appris à chaparder dans les sacs laissés sur les plages. On entend souvent les singes hurleurs dont le cri ressemble à un aboiement. En bord de mer, à Tortuguero par exemple, il n’est pas rare de croiser des iguanes se promener ou faisant la sieste sur une branche…Et enfin, le paresseux, un des emblèmes du pays. Il est difficile à voir car son pelage se confond avec celui de la végétation ou de l’écorce de l’arbre dans lequel il vit, très haut perché à la cime des arbres. De plus, il ne bouge pas ou très lentement. Mais lorsqu’on en voit un, on peut prendre tout son temps pour l’observer !

Il est beaucoup plus difficile de voir des félins (puma, ocelot, jacarundi…) sauf si l’on se rend dans un refuge qui soigne les animaux blessés. J’ai eu la chance de pouvoir observer un tapir bien placide à Corcovado. Les promenades de nuit, quant à elles, donnent lieu à d’autres émotions ; on perd ses repères dans l’obscurité, les bruits semblent décuplés…

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Selon les saisons, on pourra observer les baleines dans le Pacifique ou des tortues. Je n’ai pas encore fini mon exploration du Costa Rica. Je rêve de voir une « arribada », cette arrivée en masse des tortues sur les plages pour pondre leurs œufs !

Le Costa Rica compte environ 12 écosystèmes, d’où la variété de sa végétation. Dans la forêt tropicale basse (moins de 500 m d’altitude et plaines littorales), on verra plus d’amphibiens et de reptiles. Dans la forêt tropicale sèche au nord-ouest du pays, les paysages sont plus arides en hiver. La mangrove au Sud-Ouest, à Sierpe, que l’on traverse en bateau pour aller sur la péninsule d’Osa couvre 32 000 ha, fief de nombreux oiseaux, de crocodiles, de lézards… Mais la forêt humide d’altitude ou forêt pluvieuse est celle qui caractérise le mieux le pays : située entre 500 et 1500 m d’altitude, la végétation y est dense. Les arbres, qui poussent lentement, s’élèvent très haut vers le ciel (30 à 60 m) pour atteindre la lumière. De nombreux parcs, grâce à des ponts suspendus permettent de s’élever au niveau de la canopée et de découvrir la cime des arbres et toute la vie qui s’y développe.

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Enfin, il y a la forêt de nuages (jusqu’à 2500 m), la plus impressionnante : le fort taux d’humidité produit une couche nuageuse donnant lieu à des paysages fantasmagoriques entre rêve et réalité (Monteverde, Santa Elena…).

  • Le patrimoine

Si vous aimez les vieilles pierres, passez votre chemin. Le Costa Rica si riche soit-il n’a pas de patrimoine au sens occidental du terme, pas de ville coloniale comme dans le reste de l’Amérique centrale.

En dehors de quelques musées de San Josè, il est intéressant d’aller visiter l’ancienne capitale Cartago où la basilique Nuestra Señora de los Angeles abrite une statuette de vierge noire, la sainte patronne du pays, découverte par une jeune indigène en 1635. L’actuelle basilique, de style néo-byzantin, fut construite après le tremblement de terre en 1910. L’intérieur est impressionnant par sa taille, la forêt de colonnettes et le plafond à caisson en bois où se mêlent les essences précieuses comme l’acajou. Cartago aurait pu être la ville coloniale du Costa Rica. Résidence des gouverneurs espagnols au XVIe siècle, pôle économique de la colonie, elle fut détruite par des tremblements de terre successifs (1822, 1841 et 1910). Aujourd’hui, on peut encore voir les ruines de l’église Saint-Jacques fondée au XVIe siècle par les franciscains.

Enfin il existe une autre curiosité propre au Costa Rica. A Sierpe, on peut observer d’énormes boules de pierre à la réalisation parfaite allant de quelques centimètres à 2 m sans savoir par qui et pourquoi elles ont été réalisées…

 

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  • Les Ticos

La population costaricienne, que l’on appelle affectueusement les Ticos, s’élève à 4,7 millions d’habitants vivant principalement dans la vallée centrale. La majorité est d’origine espagnole. Sur la côte caraïbe vivent des descendants de jamaïcains venus pêcher ou travailler dans les plantations. Mais les peuples autochtones sont très minoritaires (environ 104 000 personnes) répartis en 22 communautés, difficiles à rencontrer (sauf peut-être les Bribris au Sud-Ouest) car ils vivent loin des lieux touristiques.

J’ai pu tester leur accueil et leur gentillesse au cours de mes différents voyages. La plupart parle très bien anglais et beaucoup parlent français (peut-être corollaire d’un taux d’alphabétisation de 97,5%, d’un système éducatif gratuit et obligatoire depuis le 19e siècle et du transfert du budget de la Défense à celui de l’éducation depuis que l’armée a été abolie en 1948).

A Liberia, je me suis trouvée au milieu d’un carnaval où les couleurs des costumes chatoyaient.

 

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Dans la péninsule de Nicoya, je me suis rendue dans la « zone bleue » qui définit des régions du monde où la longévité des habitants est très nettement au-dessus de la moyenne. Il y en a 5 dans le monde (la province de Nuoro en Sardaigne, île grecque d’Ikaria, île japonaise d’Okinawa, la péninsule de Nicoya et Loma Linda en Californie). Et je confirme en voyant la doyenne de ce village que l’activité physique, le régime alimentaire à base de produits locaux et surtout des liens intergénérationnels forts ont permis à cette octogénaire de continuer à cuisiner pour sa nombreuse famille, de danser pour les fêtes et de garder le sourire et la curiosité face à des touristes éberlués !

Conclusion

Il reste encore tant de choses à dire et à découvrir. Ce pays a tout mon attachement mais aussi tout mon respect. Savez-vous que le Président Oscar Arias Sanchez a reçu le Prix Nobel de la Paix en  1987 ? pour son opposition déterminée au soutien des Etats-Unis aux Contras dans la guerre civile au Nicaragua et sa neutralité dans les conflits armés d’Amérique Centrale. Il fut le principal artisan du plan de paix signé par le Salvador, le Guatemala , le Honduras et le Nicaragua en août 1987.

Voici un résumé de ce petit pays qui a tout d’un grand :

« Au cœur d’une région connue pour son instabilité politique et sociale et ses crises économiques, le Costa Rica fait figure de havre de paix, ce qui lui a valu d’être surnommé la « Suisse de l’Amérique centrale ». Après avoir – avant toutes les nations occidentales – imposé l’école obligatoire, instauré un régime de Sécurité sociale et aboli la peine de mort, ses dirigeants ont supprimé l’armée en 1948 », donné le droit de vote aux femmes, aux indigènes et aux afro-costariciens. « En avance sur son temps, ce petit pays s’est ouvert très tôt à la question écologique, classant en zone protégée un quart de son territoire pour mettre un frein à la déforestation galopante. Un pari audacieux pour l’époque et qui porte ses fruits aujourd’hui. »

Et je finirai avec l’expression que l’on entend quotidiennement : ¡ Pura vida !  utilisée pour dire “bonjour”, “au revoir”, “merci” et “de rien” et qui traduit bien leur joie de vivre…

 

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Nathalie Evrard

Nathalie Evrard
April 12, 2024